Théâtre : un chien dans ma vie

Un chien dans ma vie [1] est le genre de spectacle qui peut être apprécié ou détesté pour des raisons identiques : le texte en est elliptique et il s’agit d’un faux conte pour enfant. Pourtant quoi de plus révélateur du langage psy que l’ellipse, la litote ou le sous-entendu ? Car on nous parle ici d’un chien qui veut se faire psychanalyser par une vétérinaire, laquelle est sans vocation. Évidemment, le soignant finit par être le chien qui, lui, évolue au cours des entretiens. Ce dernier est merveilleusement interprété par un comédien qui parvient à faire oublier son humanité à travers quelques gestes simples, sans en faire des tonnes. La vétérinaire criante de vérité dans les premières minutes, révèle comment elle reste prisonnière de ses mécanismes psychologiques intimes à travers une interprétation intéressante imitant ces marionnette tournant sur un axe tandis que s’égrène une ritournelle.

Plusieurs thèmes intéressants sont abordés dans cette pièce. Il y a tout d’abord celui de l’abandon, mais aussi celui du miroir, de la façon dont on juge autrui d’après soi-même, de l’amour (« -C’est quoi l’amour ? - comment voulez-vous que je sache ? »).

Le style fleur bleue de certains passages fait clairement penser à l’univers du conte mais, d’évidence, les propos – souvent abstraits – passent au-dessus des éventuelles têtes blondes qui pourraient assister au spectacle.

Pierre FRANCOIS